A la rencontre de Pompéi La rue des tombeaux

Alors que les fortifications étaient absentes des peintures murales, un autre endroit visible à l’approche de la ville y était dépeint. Avant de pénétrer dans Pompéi, les nombreuses tombes et mémoriaux le long des routes d’accès délivraient aux voyageurs une leçon sur les ancêtres et les commémorations (fig. 1). Ils offraient au voyageur épuisé un endroit ombragé où se reposer et contempler les nombreuses épitaphes qui rappelaient les prouesses des citoyens éminents de la ville. Pour les habitants de Pompéi, ces édifices permettaient d’honorer leurs ancêtres de façon poignante ainsi que d’offrir des libations et de célébrer des banquets rituels (pour plus d’informations sur le sujet, voir Toynbee, J. M. C., Death and burial in the Roman world, Londres, 1971). Les vignettes représentant des rues semblables bordées de monuments font partie des rares particularités locales apparaissant dans les peintures murales mais rien ne permet d’affirmer que ces images soient propres à la ville et non génériques (fig. 2).


Tremblement de terre de 62 av. J.-C.

L’éruption volcanique qui a figé Pompéi et Herculanum en l’an 79 av. J.-C. a également fixé dans le temps les différentes couches du passé qui constituaient l’histoire de la ville jusqu’à cette date. Au moment de l’éruption, des endroits de Pompéi étaient toujours en travaux suite au violent tremblement de terre survenu 17 ans plus tôt en 62 av. J.-C. Le caractère sélectif des programmes de reconstruction ainsi que l’édification de nouveaux bâtiments nous renseignent sur les priorités de la communauté à cette époque (les répercussions économiques et sociales du tremblement de terre sont abordées par Jean Andreau dans Histoire des séismes et histoire économique. Le tremblement de terre de Pompéi (62 ap. J.-C.), Annales ESC 28, 1973, p. 369-395). Elle semble s’être focalisée sur la reconstruction de demeures privées, de lieux de culte indépendants de l’État, tels que le Temple d’Isis, et d’établissements commerciaux. De nouveaux thermes semblaient également en construction, au détriment de la réparation des dommages causés par le tremblement de terre à d’autres endroits, en particulier dans la zone du Forum. L’état de cette zone ainsi que de ces édifices publics, tels que nous les voyons aujourd’hui, est plus lié aux dégâts engendrés par le tremblement de terre qu’à ceux dus à l’éruption. Le fait que des lieux associés au pouvoir et à l’État n’aient pas été reconstruits est également révélateur des mentalités de l’époque dans les secteurs public et privé puisque la priorité semble avoir été donnée à la domus et au bien-être pendant la brève période de calme après le tremblement de terre.

La restauration des peintures endommagées par ce dernier ainsi que des peintures entièrement terminées pendant cette période renforce l’idée selon laquelle les peintures murales étaient commandées par différentes générations, et peut-être même par différents propriétaires, dans une même domus. Cette observation peut paraître évidente mais ses ramifications sont considérables au vu de la continuité conceptuelle remarquable des peintures murales, non seulement dans une même habitation, mais également d’une demeure à l’autre ; à tel point qu’August Mau a pu distinguer quatre grands « styles » de peinture romaine (figures 3 à 6).

A la rencontre des peintures murales
Street of tombs leading into Pompeii 1>
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Villa Poppaea triclinium 4>
Third Style wall-painting in the Casa del Menandro 5>
example of intricate fourth styleth s 6>
Tombs depicted in wall-paintings from Boscoreale 2>