La plupart des films sur l’histoire romaine faisaient appel au spectacle pour attirer le public et avaient recours à des copies érotisées de peintures murales dans les scènes plus intimes afin de glisser des allusions à caractère sexuel (fig. 1 et 2). Le pillage culturel entrepris par les réalisateurs de films a contribué à l’appauvrissement de la peinture murale antique. En conséquence, celle-ci s’est convertie en papier peint pastiche du style romain et produit au mètre. Par ailleurs, les réalisateurs de film se souciaient plus de mettre les actrices principales de profil et, de souligner ainsi leur « soutien-gorge pointu » que des clichés qui leur collaient à la peau (fig. 3). Vu la façon dont le récit sous-tend le film, la frontière entre les faits, les fictions et le mélange des deux pourrait rester floue pour toujours. Parallèlement, cette situation doit certainement poser problème, en particulier à ceux qui préconisent d’avancer prudemment en ce territoire inconnu qu’est l’Histoire, révélée à la télévision par un nombre croissant de séquences en provenance d’Hollywood dans des pseudo-programmes historiques.


L’Histoire en tant que Spectacle

Dans les années cinquante, Hollywood a tenté de lutter contre la popularité croissante de la télévision en produisant des films encore plus épiques et spectaculaires. Nombreux sont les longs métrages qui recourraient à l’essence même de l’« altérité exotique » de l’histoire antique afin de créer des univers où les spectateurs étaient éblouis par un puissant mélange de vérité et de fantaisie. Au bout du compte, la fantaisie l’a emporté sur la vérité. L’industrie du film, en voulant survivre à la domination croissante de la télévision, a dû combiner l’innovation cinématographique avec des créations historiques d’un niveau toujours plus élevé. De cette façon, des récits inventés comme Ben-Hur et Quo Vadis ? ont été recréés avec les technologies CinemaScope, Eastman Color et Surround Sound afin de produire une expérience cinématographique unique que la télévision ne pourrait imiter (voir Wood, Michael, America in the Movies : Or "Santa Maria, it had Slipped my Mind", 1975, p. 166-167, p. 173). Au milieu du xxe siècle, les films de fiction centrés sur l’histoire romaine ont créé un filtre omniprésent toujours responsable de la perception actuelle de la culture romaine, modifiant ainsi directement et indirectement notre conception de la peinture murale romaine. Les péplums ont mis en scène des rencontres intimes dans des intérieurs ornés de pseudo-peintures murales romaines, associant ainsi les peintures originales aux métarécits complexes intrinsèques des superproductions épiques. Une situation encore plus problématique, le public visionnait souvent ces films dans des cinémas dont le décor était lui-même un pastiche du style néoclassique, avec des noms tels que l’Odéon ou le Colisée (fig. 4). Les images à l’écran et la réalité historique fusionnaient pour ne devenir qu’un mélange confus de témoignages hautement manipulés sur l’histoire romaine. Il est extrêmement difficile d’évaluer l’influence de ces simulacres fictifs de la peinture murale romaine sur les conceptions populaires, et même érudites, des œuvres romaines originales. Toutefois, une chose est certaine, leur présence dans les films a creusé un peu plus la tombe de la peinture murale romaine.

La peinture murale romaine et la culture cinématographique
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