Les lararia situés dans les atria ressemblaient la plupart du temps à des temples miniatures, dotés de sculptures ou de références picturales dédiés à des divinités gardiennes (fig. 1). Les divinités constituaient le noyau des croyances religieuses pour le dominus ou la domina (le maître et la maîtresse de maison) et pour la maisonnée en général. Installer le lararium principal dans l’atrium aux côtés de l’imagerie liée au culte des ancêtres permettait, d’une part, de sanctifier la partie de la maison la plus ouverte au public et d’autre part, de signifier à tous les arrivants que celle-ci jouissait de la protection d’esprits puissants et d’ancêtres bienveillants. Dans certains cas, les lararia, ou leurs équivalents dans les jardins, étaient alignés sur l’entrée de la maison ; ils signalaient ainsi son statut sacré et protégé à quiconque passait devant eux (fig. 2). La porte principale de la maison restait ouverte pendant les heures du jour, hormis en temps de crise. Aligner le lararium sur l’entrée de la maison exprimait une relation étroite entre l’imagerie apotropaïque placée à l’entrée et la symbolique du passage vers le monde métaphysique, car le lararium incarnait la maison miniature habitée par des esprits gardiens au sein de la maison.

La mise en abîme suscitée par la juxtaposition de la maison et de la maison spirituelle miniature évoquait à son tour l’image d’un sanctuaire à l’intérieur d’un sanctuaire. Ainsi, à travers les offrandes quotidiennes, généralement au moment du repas, les occupants sanctifiaient la maison et leur propre personne par la même occasion (pour plus d’informations à ce sujet, voir Bettina Bergman, The Roman House as Memory Theater: The House of the Tragic Poet in Pompeii, The Art Bulletin, Vol. 76, No. 2, 1994, p. 225‑256). La présence de lararia sous forme de niches ou de peintures dans l’espace de travail indique que les serviteurs étaient également encouragés à invoquer les esprits gardiens, assurant par ce biais le bien-être de toute la maison (fig. 3). Les vestiges carbonisés de sanctuaires portables en bois, découverts dans les étages supérieurs de certaines maisons à Herculanum, indiquent que les lararia ne se trouvaient pas toujours dans un lieu fixe (fig. 4).

 


Le Culte de la Maison
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1. Sanctuaire d’atrium évoquant un temple

2. Alignement d’un lararium de jardin avec l’entrée de la maison, Casa dei Dioscuri, Pompéi

3. Lararium dans la cuisine de la Casa di Marcus Obellius Firmus, Pompéi

4. Lararium portable en bois, Herculanum
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