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La première version de cet essai a été publiée sous le titre « Giorgio De Chirico et la perspective métaphysique » dans Les Cahiers du Musée national d’art moderne, Paris, 1983, No 11, pp. 33–53 ; et par la suite sous le titre « The Spirits Released : De Chirico and metaphysical perspective » dans l’édition « Italian Art Now » d’Art & Design, Academy Editions, 1989, vol. 5, no 1/2, pp. 6–17.

« Un des peintres majeurs du xxe siècle, Giorgio De Chirico (1888–1978), est salué pour ses premières peintures métaphysiques. Maurice Owen distingue un lien classique sous-jacent très fort entre celles-ci et ses œuvres plus tardives, souvent dédaignées. Il commente les mystérieuses affinités entre les peintures de De Chirico et les peintures murales de Pompéi qui, à l’époque, n’avaient pas encore été découvertes. Ce lien ne s’établit pas uniquement par l’usage qu’il fait de la perspective pour créer un état psychologique de metastasis mais aussi à travers des similarités iconographiques ». (Academy Editions, 1989: 7)

Cette version en ligne en est la dernière mouture et saisit l’occasion pour réévaluer les précédents documents et incorporer la recherche récente.  

 

 

Le Volcan

Le propos de cet essai est un mystère – un mystère chronologique impliquant un volcan (le Vésuve) ; un artiste italien (Giorgio De Chirico) ; le père de l’artiste (aristocrate et architecte ferroviaire) ; ainsi que les anciennes peintures murales de Pompéi et d’Herculanum. En font partie également, une série de constructions sculpturales qui dès le départ ont révélé un mystère tissé dans le canevas de l’art du xxe siècle – un mystère de proportions réellement gréco-romaines resté jusqu’ici latent. 

La source de ce mystère provient d’un changement inexplicable qui a coïncidé avec la naissance de l’art moderne, provoquant presque un retour en arrière dans l’Histoire. Au début du xxe siècle, l’artiste au centre de cette énigme, Giorgio De Chirico (1888–1978) a produit une série de peintures qui ont eu un impact significatif sur l’art à l’aube de ce siècle mais aussi bien plus tard. Elles ont été reconnues comme ses peintures métaphysiques (fig. 1). Bien qu’on ait beaucoup écrit à leur sujet, ces peintures restent énigmatiques. Néanmoins, des preuves récentes indiquent qu’une étude peut être menée à propos de l’existence de similitudes d’iconographie et de composition entre ces peintures et certaines peintures murales de Pompéi et d’Herculanum datant, approximativement, de 80 av. J.-C. à 79 ap. J.-C. Au vu des nombreuses références classiques omniprésentes dans son œuvre, cette observation peut, de prime abord, sembler anodine. Or, l’intrigue se corse quand on découvre  que les premières peintures de De Chirico sont « antérieures » à leurs homologues antiques romano-campaniennes. Comment cela peut-il être vrai alors que la plus tardive de ces œuvres a été peinte 2000 ans avant qu’il n’entame son œuvre métaphysique ? La réponse à cette partie de l’énigme est simple – le Volcan.

 

 

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The Song of Love 1914 1
1. Giorgio de Chirico The Song of Love, 1914
Les Esprits Libérés – De Chirico et la Perspective Métaphysique
Bibliography