The Spirits Released : De Chirico and Mataphysical Perspective

Pendant la période où De Chirico a produit ses peintures métaphysiques (1910 à 1918), les anciennes peintures murales avec lesquelles, son travail présente la plus étroite relation, étaient restées ensevelies sous la lave du Vésuve. Pour écrire cet essai, j’ai inventé le terme style tragique pour décrire ces peintures et pour les distinguer de nombreuses peintures anciennes découvertes à Pompéi, à Herculanum et, dans une moindre mesure, à Rome. Cette expression style tragique est une référence aux nombreux motifs eschatologiques de ces peintures. 

D’une manière générale, les « peintures murales romano-campaniennes » comme elles ont été collectivement dénommées, ont été rassemblées en quatre styles successifs. Ceux-ci partent d’une classification typologique établie par l’archéologue allemand Auguste Mau dans son influente publication de 1910, Pompéi : sa vie, son art. Sa typologie les décrit à l’origine comme les styles suivants : Incrustation, Architectural, Ornemental et Fantastique. Ces appellations sont désormais rarement utilisées : on préférera parler de Premier, Second, Troisième et Quatrième Styles. Pour plus d’information à propos de la classification typologique de Mau, cf. The False-Door: dissolution and becoming in Roman wall-painting (Owen 2010, pp. 1–20).

Les peintures murales du style tragique qui trouvent leur résonnance chez De Chirico, renferment beaucoup de caractéristiques architecturales associées au Second style dit « Architectural » et se distinguent collectivement par l’utilisation de motifs d’entrées menant à des espaces sacrés (fig. 1). Alors qu’il est vrai que des peintures murales du Second style ont été découvertes avant les peintures métaphysiques, les peintures du style tragique qui ont fait le plus de lumière sur les sombres enigmes de De Chirico étaient, au moment où il a créé ses peintures métaphysiques, toujours dans les limbes tandis que peu d’illustrations existaient de celles déjà mises à jour. Ceci n’est pas un cas où l’histoire se répète mais un des rares exemples où le présent devance le passé.

Les peintures murales du style tragique qui ont été découvertes avant la production de son œuvre métaphysique étaient rarement illustrées puisque le goût de l’époque était plutôt aux peintures murales qui décrivaient des scènes mythologiques plutôt qu'à celles sans personnages du style tragique, avant tout architectoniques. Une publicité pour la publication en 1886 de Dipinti murali di Pompei paruedans l’édition du New York Times du 20 juin 1887 fait écho à cette idée : « Les 20 grandes gravures terminées l’année dernière par Richter & Co. de Naples et publiées par Cavalieri Pasqualé d’Amelio sont accompagnées, sur deux colonnes,  de commentaires rédigés en italien et en français. Elles mettent en évidence le côté architectonique de ces peintures murales découvertes à Pompéi ». Cependant, l’architectonique de ces peintures que la publication de 1886 a mise en évidence ne contenait aucune de ces profondes perspectives associées au style tragique mais présentait des surfaces planes que la typologie d’Auguste Mau a relié aux ultérieurs Troisième et Quatrième styles dits « ornementaux » et « fantastiques ». La préférence d’alors pour des peintures illustrant des scènes mythologiques est confirmée par la constatation que beaucoup de vignettes figuratives ont été retirées des grandes compositions architectoniques pour être exposées dans des musées, voire être vendues à des acheteurs privés.

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bosc 1
1. Cubiculum M, Villa Fannius Synistor, Boscoreale, c. 50BC
Bibliography