The Spirits Released : De Chirico and Mataphysical Perspective
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Bien que nous ayons abordé beaucoup des ingrédients qui composent ce mystère  chronologique, l’énigme qui leur est associée reste encore intacte. Comment un artiste du xxe siècle a-t-il pu intuitivement réinventer le style tragique dans un contexte contemporain et, d’une certaine manière, refléter l’ancien concept classique de la fausse-porte ou de la façade de tombe peinte ? Qu’est-ce qui a permis à De Chirico de réinventer cette forme d’art perdue avec toutes ses implications (toujours intactes) et de réimplanter dans l’art du xxe siècle la porte d’entrée du temple de l’immortalité rendue visible à travers l’un des plus anciens médium – le médium de la peinture ?

Dans les derniers chapitres de son roman Hebdomeros publié en 1925, De Chirico fusionne l’image du père d’Hebdomeros, et par là même celle de son propre père, avec le concept de l’immortalité spirituelle : « Tout à coup, Hebdomeros vit que cette femme avait les yeux de son père ; et il comprit. Elle parla d’immortalité dans la grande nuit sans étoiles... “Oh Hebdomeros, dit-elle, je suis l’Immortalité. Les noms ont leur genre, ou plutôt leur sexe, comme tu as dit une fois avec beaucoup de finesse et les verbes, hélas, se déclinent. As-tu jamais pensé à ma mort ? As-tu jamais pensé à la mort de ma mort ? As-tu pensé à ma vie ?” »

 

Self-portrait, 1911,"Et quid amabo nisi quod aenigma est?" (What shall I love if not the enigma?)


traduction : Michèle Cuypers
Bibliography