A la rencontre de Pompeii les fortifications


Afin d’inscrire les peintures murales dans un cadre social et géographique plus large, nous devons revenir sur un point, au-delà des murs, des remparts et des tours destinés à protéger les citoyens et leur propriété. Seule une telle approche peut nous permettre d’observer la proximité entre les fortifications, permettant à la fois de repousser les ennemis et d’encercler la ville, et les peintures murales situées dans les intérieurs privés qui représentaient des univers virtuels au-delà des habitations et de la ville (fig. 1) (pour de plus amples informations sur les fortifications, voir Chiaramonte Treré, C., Nuovi contributi sulle fortificazioni di Pompeii, coll. Quaderni di ACME, 1984 ; Chiaramonte Trere, C., « The Walls and Gates », The World of Pompeii, 2008; Richardson, L., Jr., “The Fortifications”, Pompeii: An Architectural History, 1982).

La plupart des habitations de Pompéi étaient semblables aux murs fortifiés de la ville puisqu’elles étaient orientées vers l’intérieur et en grande partie sans fenêtre. Les peintures murales étaient pour les habitants une façon d’échapper psychologiquement à cette multitude de couches qui les entouraient et les protégeaient. Paradoxalement, les peintures y parvenaient en représentant davantage de façades architecturales, à travers ou au-delà desquelles le spectateur pouvait habituellement observer des vues lointaines, des scènes mythologiques ou d’autres éléments d’architecture (fig. 2). Les peintures ne comprenaient que très rarement des particularités locales ou des représentations d’événements locaux identifiables. Un des rares exemples, et par conséquent souvent évoqué, est une représentation de l’émeute sanglante qui a eu lieu dans l’amphithéâtre de Pompéi en 59 av. J.-C. environ, entre des Pompéiens et des Nucériens (fig. 3). Même le mont Vésuve, l’attribut local le plus impressionnant, n’apparaît que rarement et, le cas échéant, il apparaît mythifié et jonché de vignes comme symbole de la fertilité, à côté d’une représentation de Bacchus, également couvert de raisins (fig. 4). D’autres caractéristiques propres à la ville, comme les fortifications, n’apparaissent nulle part, malgré la vue impressionnante qu’elles offraient à ceux qui s’approchaient de la cité.

 

 

A la rencontre des peintures murales
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1. Fortifications – Porte d’Herculanum (reconstituée), Pompeiana de William Gell et John P. Gandy, 1818.

2. Casa dei Vettii, peintures murales dans une pièce menant au jardin à péristyle.

3. Émeute dans l’amphithéâtre de Pompéi en 59 av. J.-C. environ, partie extraite d’une peinture murale plus grande, Casa di Actius Anicetus (également connue sous le nom de Casa della pittura dell’ Anfiteatro).

4. Bacchus recouvert de raisins à côté du Vésuve (Musée archéologique national de Naples) et in situ, dans le cadre d’un culte domestique, Casa del Centenario.
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