Et pourtant les individus qui attribuent tout aux Grecs partagent cet avis sur les Romains, et étant donné que cette opinion se répand de plus en plus à l’étranger, j’estime qu’il serait approprié, de par une de mes professions, d’examiner la question dans son ensemble de façon plus minutieuse, de sorte qu’il soit plus aisé pour les personnes impartiales de décider quelle position adopter, une fois que tous les arguments auront été pesés. » (Della Magnificenza ed Architettura de’Romani, 1761‒1762)

En fin de compte, les tentatives de Piranesi pour recouvrer la dignité et l’importance de l’art romain se sont soldées par un échec cuisant. Non seulement parce que le nombre croissant d’Académies des Beaux-Arts prêchaient les théories de Winckelmann sur la supériorité de l’art grec, mais également car son propre zèle l’a poussé à réaliser des reconstitutions de l’Antiquité romaine tellement fantaisistes qu' elles étaient souvent d' une absurdité déroutante.


Peinture murale romaine et « reconstitutions » cinématographiques

Les films, la télévision et les jeux vidéo sont quelques-uns des filtres existant actuellement entre les spectateurs contemporains et la peinture romaine antique (fig. 1). Leur omniprésence, ainsi que leur capacité dynamique à mélanger les faits, les fictions et les combinaisons de ces deux derniers font d’eux les acteurs principaux dans l’élaboration des conceptions populaires de l’Antiquité. En plus de leur influence, ils intègrent également de nombreux filtres influents et plus anciens, issus des arts visuels et des arts du spectacle. Le roman de Edward Bulwer-Lytton, Les derniers jours de Pompéi, est un bon exemple, car il fournit le schéma narratif utilisé dans les premiers longs métrages à l’origine du style « catastrophe » (fig. 2). Outre cette nouvelle catégorie cinématographique, l’histoire romaine en général a joué un rôle majeur dans l’évolution du cinéma, des films muets aux superproductions légendaires. Gladiator de Ridley Scott et ses semblables en sont des exemples récents. Une des principales raisons de notre fascination pour la Rome antique découle du conflit à la fois réel et imaginé entre le républicanisme et l’impérialisme romain. Conflit réel au sens où la majorité de la culture littéraire et visuelle est restée plus ou moins intacte, et imaginé dans le sens où les vestiges culturels sont devenus un substitut pour l’Antiquité classique et un catalyseur pour son retour  à  travers la Renaissance et le néoclassicisme. À leur tour, ces courants sont devenus indissociables de l’empreinte de l’histoire romaine. Au début du xxe siècle, la culture populaire résultait de la fusion entre l’aspect réel et l’aspect imaginé, et le cinéma a puisé aussi bien dans l’un que dans l’autre pour créer sa propre conception de l’histoire. Et le meilleur moyen pour retrouver la trace de ses premières représentations est de partir en quête des peintures romantiques du xixe siècle, réalisées par des artistes comme Jacques-Louis David, Jean-Auguste-Dominique Ingres, William Waterhouse et Alma-Tedema (fig. 3 et 4).

Pompéi : tourisme et romantisme
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traduction par Cyrielle Seron, rajouts par Kwan-Yu Lam (Avril 13, 2016)