Les Pénates et les Génies
Les sanctuaires domestiques faisaient également office de pierre angulaire dans le culte d’autres divinités associées au bien-être de la domus, dont le Génie (Genius), le maître ancestral de la famille (fig. 1 et 2). Les Pénates (Penates) étaient supposés être des anciens dieux de la maisonnée, dont le rôle principal était d’assurer un approvisionnement continu en vivres et de monter la garde autour des réserves de nourriture (fig. 3). Ils étaient vénérés en parallèle avec les Lares et la déesse Vesta, gardienne du foyer familial. Sa flamme symbolisait la prospérité durable de la famille, et les Pénates étaient également tenus de la protéger et de la nourrir. Les occupants de la maison jetaient une pincée de sel ou de farine dans le feu, ou bien en offraient aux effigies sculpturales ou picturales des Pénates au moment des repas.
Certaines études typologiques et iconographiques ont relié les caractéristiques formelles de ces esprits gardiens aux bas-reliefs sacrés et funéraires de l’époque pré-romaine, ainsi qu’aux autels votifs, renforçant ainsi le concept de sanctuaire au sein de la maison (pour plus de détails sur les origines formelles et sémantiques des esprits gardiens domestiques, voir Thomas Fröhlich, “Lararien – und Fassadenbilder in den Vesuvstädten. Untersuchungen zur “Volkstümlichen”in Pompejanischen Malerei, Mainz, 1991, p. 188).
À l’origine, le Genius, ou force vitale masculine, correspondait à l’esprit transcendantal associé au maître de maison, le pater familias. Son autorité incontestée provenait de son statut de procréateur principal – le Genius ou « géniteur » de la famille –, ce qui lui conférait un pouvoir presque absolu sur les autres membres de la famille. Son statut quasi-divin tirait son origine d’anciennes croyances romaines, qui accordaient davantage d’importance à la lignée paternelle que maternelle (pour une comparaison révélatrice des attitudes opposées de Rome et de l’Étrurie envers la lignée et les liens du sang, voir Altheim, 1938, p. 54‑61). Durant la dernière période de la République, le Génie était aussi de plus en plus souvent considéré comme un autre esprit apotropaïque, qui pouvait être invoqué pour protéger et soutenir la maisonnée. Le plus souvent, le Génie était représenté entre des Pénates ou des Lares en train de réaliser une libation rituelle ou un sacrifice. En vénérant le Génie au lararium, les membres de la famille ne se contentaient pas de renforcer la structure hiérarchique de la maison ; ils sollicitaient avant tout la protection et le soutien des Génies antérieurs.
Outre les esprits gardiens tutélaires, il n’était pas rare de rencontrer des effigies d’autres divinités telles que Fortuna, Apollon et Dionysos, représentées dans différentes parties de la maison sous la forme de petites sculptures ou de peintures murales. La croyance en ces divinités protectrices était telle que leurs effigies, que ce soit sous la forme de figurines ou de peintures en petit format, étaient emportées en voyage en guise de protection.
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