Antécédents
Il est toujours difficile de faire la différence entre les influences antérieures et les pratiques locales, même lorsque l’art en question n’existe que depuis quelques décennies. De manière générale, l’on s’accorde toutefois à penser que la romanisation de la culture grecque et hellénistique était un trait dominant dans l’art romain, malgré les objections de grands écrivains comme Caton et Pline l’Ancien.
À de nombreux égards, l’assimilation d’une culture étrangère était tellement courante chez les Romains que lorsque Caton s’est plaint au deuxième siècle av. J.-C. de ses effets néfastes sur l’art et les valeurs traditionnels romains, l’art romain « traditionnel » était déjà imprégné de l’art grec. Dans un premier temps, cette influence a eu lieu de façon indirecte, via l’art étrusque, et de façon directe plus tard via les objets ramenés à Rome en tant que butin de guerre. La présence d’artistes grecs plus expérimentés en Magna Graecia (sud de l’Italie), et à Rome ensuite a indubitablement eu de profondes répercussions sur les débuts de l’art romain (Trendall, 1989, p. 7). Certains temples, comme celui dédié en 493 av. J.-C. à Cérès, Liber et Libera à Rome, ont été élaborés par des architectes et des artistes grecs (Pline, Natural History, XXV, 154 et XXXV, 15). En utilisant l’art comme signe de dégénérescence morale, Caton juxtapose deux tropes dans lesquels les Italo-romains sont décrits comme pieux et modérés alors que les Grecs sont qualifiés d’hédonistes. Plus tard, des écrivains romains comme Varron dans son Économie rurale et Virgile dans les Bucoliques et les Géorgiques ont romantisé ce thème dans une tentative de retrouver l’harmonie bucolique merveilleuse qu’ils associaient aux anciennes communautés agricoles romaines (fig. 1).
La plupart des traces laissées par la peinture murale antérieure à celle de Pompéi et d’Herculanum proviennent d’anciennes cultures qui enterraient les morts dans des mausolées et des tombes (fig. 2). Parmi ces différents endroits se trouvent les sites minoens en Crète et aux alentours (fig. 3). Étant donné que les habitants de la Grèce continentale rendaient habituellement hommage aux morts avec des cérémonies d’adieu et des stèles décorées d’épitaphes, les peintures grecques qui nous sont parvenues via cette source sont très rares (fig. 4). La Magna Graecia, par contre, recelait un grand nombre de peintures murales antiques, en particulier la région italienne de Campanie, l’Anatolie en Turquie et la Macédoine, dans le nord de la Grèce (Maiuri, 1959, p. 9). Ces peintures ont survécu presque uniquement grâce aux tombeaux ou sarcophages scellés dans lesquels elles se trouvaient. Certains exemples, parmi les meilleurs, de peinture murale préromaine se trouvent dans les tombes de Tarquinia au nord de Rome datées du sixième siècle av. J.-C. Le statut des Etrusques en tant que nation commerçante leur a permis d’assimiler un bon nombre de caractéristiques stylistiques trouvées à travers la Magna Graecia, en particulier au sein des cultures phrygienne, carienne et lydienne, qu’ils désignaient comme leurs ancêtres.
Outre le recours à des motifs de porte eschatologiques, les peintures des tombes de Tarquinia ont peu de points communs avec la peinture murale romaine (fig. 5). Elles ne représentent aucune forme de perspective linéaire ou ne visent à créer une certaine atmosphère, et sont plus proches des compositions planes utilisées par les Égyptiens et les Minoens.
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