Le modèle grec

Les indices visuels découverts jusqu’à présent démontrant le rôle de la peinture murale grecque en tant qu’antécédent direct se divisent en deux catégories, illustrées à travers les peintures murales domestiques trouvées sur l’Île de Délos ainsi que dans les tombes macédoniennes à Vergina et Lefkadia (figures 1 à 3). De nombreuses caractéristiques des compositions mises au jour sur ces sites suggèrent que les premières techniques picturales romaines pourraient s’être développées à partir de sources similaires. D’anciennes références littéraires soutiennent également l’idée selon laquelle une forme de perspective linéaire était utilisée dans la peinture sur panneau et la scénographie grecque.

« Et d'abord c'est Agatharque qui, lorsque Eschyle faisait connaître la bonne tragédie, faisait les décorations pour le théâtre d'Athènes, et laissa le premier un travail sur cette matière. À son exemple, Démocrite et Anaxagore écrivirent sur le même sujet; ils ont enseigné comment on pouvait, d'un point fixe, donné pour centre, si bien imiter la disposition naturelle des lignes qui sortent des yeux en s'élargissant, qu'on parvenait à faire illusion, et à représenter sur la scène de véritables édifices qui, peints sur une surface droite et unie, paraissent les uns près, les autres éloignés. » (Vitruve, De architectura, trad. Ch.-L. Maufras, 1847, p. 111-112)

La tombe macédonienne de Lyson et Calliclès à Lefkadia (3-2 av. J.-C.) et son éventuel rôle en tant que précurseur de la peinture romaine du « Deuxième style » suscitent une grande controverse. Alors qu’elles partagent certains traits avec les espaces picturaux architecturaux, les peintures murales de la tombe sont beaucoup moins sophistiquées dans leur technique de perspective dans un espace en trois dimensions. D’autres tombes, comme celle attribuée à Philippe II de Macédoine, contiennent également des exemples primitifs d’illustration de la nature, mais aucune référence notable à la chambre funéraire elle-même (pour plus d’informations sur le sujet, voir Miller, S.G., The Tomb of Lyson and Kallikles, 1993 et Lehmann, P.W., « Lefkadia and the Second Style », Studies in Classical Art and Archaelogy : A Tribute to Peter Heinrich von Blanckenhagen, 1979).

Les rapports historiques entre Rome et la Grèce sont la preuve qu’une certaine forme d’échange artistique a dû avoir lieu, mais même les quelques exemples cités ci-dessus témoignent des problèmes liés à l’élaboration de liens directs. Néanmoins, de nombreux auteurs évoquent la peinture murale pompéienne en tant que copie exacte de la peinture grecque plus ancienne.

Un motif trouvé dans plusieurs peintures murales pompéiennes contredit cette idée : celui des portes closes utilisé dans un contexte eschatologique ou tragique. Comme mentionné auparavant, les Grecs n’avaient pas pour habitude d’enterrer ou de commémorer les morts en recourant aux tombes et ils n’utilisaient donc pas le motif de la porte dans un contexte eschatologique, contrairement aux Égyptiens, aux Étrusques et aux Romains (Maiuri, 1959, p. 9 et Picard, 1970, p. 72). Ainsi, sa présence dans plusieurs peintures pompéiennes indique que ces compositions sont purement romaines et indépendantes de tout langage symbolique hérité des Grecs.

A la rencontre des peintures murales
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1. Délos, Grèce, fragment d’une peinture domestique.
2. Peinture murale, Tombe de Lyson et Calliclès, Lefkadia.
3. Peinture murale (détail) dans la Tombe de Perséphone, Vergina.

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