Façades virtuelles et vues lointaines (Style Architectural ou Deuxième style)

Vitruve est resté vague concernant l’identité des « Anciens » qui ont commencé a imiter le marbre en peinture, ainsi que concernant l’apparition sur les murs de caractéristiques autres que l’imitation du marbre. Il semble cependant probable que, sur une période d’une centaine d’années environ, l’inventaire réduit d’objets associés au Premier style se soit agrandi en incluant des traits architecturaux. En conséquence, l’aspect plan associé à ce style a été intégré aux caractéristiques spatiales, parmi lesquelles se situent les motifs architecturaux et le nombre croissant d’images figuratives ; à tel point qu’en 80-40 av. J.-C. environ, les murs intérieurs de certaines zones de la maison ont commencé à ressembler à l’extérieur des bâtiments (fig. 1). Mau a nommé cette évolution « Style Architectural » en accord avec la description de Vitruve citée ci-dessous et les preuves trouvées sur les sites de Campanie.

 « (1) […] imitèrent les différentes bigarrures du marbre, et firent ensuite des compartiments variés, traçant des figures rondes et triangulaires en jaune et en rouge.

(2) Après cela ils en vinrent à représenter des édifices avec des colonnes et des frontons, qui se détachaient parfaitement sur le fond. Dans les lieux spacieux, dans les salles de conférences, par exemple, […] »

Vitruvius Pollio (env. 25 av. J.-C.), Les dix livres d’architecture (7.5.1-2), Ch.-L. Maufras, éd. C.-L.-F. Panckoucke -
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k23663n/f143.image

La Casa dei Grifi sur le mont Palatin à Rome est souvent mentionnée comme un des premiers exemples d’une phase de transition entre le Premier et le Deuxième style (fig. 2). Ses surfaces de faux marbre possèdent toutes les caractéristiques du Style des Incrustations et représentent également des motifs architecturaux comme des architraves, des corniches et des pilastres. Ces motifs, ainsi que les colonnes, les frontons, les arches, les portes et les nombreuses autres particularités architecturales, reflétaient souvent les dimensions réelles de la pièce, la transformant ainsi en un espace à la fois virtuel et physique (fig. 3). Cet aspect était d’autant plus accentué par des représentations de portails, de portiques, de portes, d’aedicula et de fenêtres, permettant au spectateur de percevoir des espaces virtuels au-delà des limites physiques de la pièce. En plus d’illustrer encore plus de motifs architecturaux qui donnaient l’idée de pièces et de bâtiments au-delà de l’emplacement du spectateur, les fausses entrées amenaient l’œil du spectateur vers des sanctuaires habités par des divinités, des idylles bucoliques et des récits mythologiques (fig. 4 et 5). En plus d’associer un espace intérieur (physique) et extérieur (virtuel), le revêtement « pictural » de l’intérieur de la domus créait une relation ambiguë entre la vie domestique quotidienne et les univers métaphysiques apparaissant au-delà de ses murs.

A la rencontre des peintures murales
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1. Cubiculum 16, Villa dei Misteri, Pompéi.
2. Casa dei Grifi, mont Palatin, Rome.
3. Villa di Arianna, Stabies – peinture murale dans un cubiculum à côté de l’entrée.
4. Peinture murale représentant un portail ouvert menant au sanctuaire d’Apollon, Villa di Poppea, Oplontis.
5. Casa del Criptoportico (reconstitution, Schefold 1962).

Villa Poppaea wall-painting depicting an entrance to the sancturay of Apollo, Villa Poppaea 4>
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