Supériorité des peintres grecs

Comme la plupart de ses contemporains, Mau évaluait l’art romain en recourant à un mélange d’anciennes références littéraires à l’art grec, combinées aux connaissances sur la peinture de la Renaissance et du Néoclassicisme du dix-neuvième siècle. Ironiquement, l’interprétation visuelle de la première et l’inspiration de la seconde sont toutes deux issues de la peinture murale trouvée à Pompéi et à Herculanum. Depuis leur découverte, elles témoignent de la « grande époque » de la peinture grecque ou hellénistique. Cependant, en parlant d’elles ainsi, Mau leur ôtait leur valeur intrinsèque en les décrivant en tant qu’œuvre de copistes et de décorateurs d’intérieur, un thème repris par Paul Zanker dans son ouvrage de 1998 Pompeii : public and private life. L’œuvre de Mau, Pompeii : its Life and Art, contient de nombreux exemples où il qualifie avec mépris les artistes pompéiens de « décorateurs », alors que les artistes grecs sont vénérés pour leurs compétences exceptionnelles en peinture. Les preuves de ce talent restent néanmoins limitées à d’anciennes références littéraires et à des mosaïques qui pourraient avoir été copiées de peintures sur panneau (fig. 1).

« La peinture pompéienne, ou son original, est indubitablement redevable au chef d’œuvre de l’artiste grec mais l’artiste peintre l’a adapté pour servir son intérêt, […] » (314) ; « […] et l’image utilisée ici au centre de la composition de Quatrième style est de toute évidence une copie d’un chef d’œuvre. » (348) ; « […] L’intérêt est purement psychologique, et plusieurs des images qui ont été préservées nous donne une idée extrêmement favorable de l’aptitude des peintres anciens à exprimer les émotions, en particulier lorsqu’on se souvient que ces peintures étaient de simples copies décoratives de chefs d’œuvre dont les ouvriers qui ont peint les copies sur les murs n’avaient probablement jamais vu les originaux. » (468-9) ; « Si l’on cherche les exemples d’art ancien les plus parfaits, des chefs d’œuvre d’artistes célèbres, on ne les trouve pas. De nombreuses peintures pompéiennes satisfont les goûts modernes ; il serait pourtant injuste de juger la valeur de la peinture antique d’après des spécimens implantés dans les décorations des murs de Pompéi […]. » (500) (citations extraites de Pompeii : its Life and Art, édition de 1899).

Le passage suivant de Mau résume sa vision globale de la peinture pompéienne. « De 80 av. J.-C. à 79 ap. J.-C., le nombre de créations a été limité, aussi bien dans le domaine de la peinture que dans celui de la sculpture. Aucun nouveau genre, aucune amélioration ; le peintre, tout comme le sculpteur, était éclectique : il utilisait des créations du passé comme il lui plaisait et se contentait de les copier ou de les imiter. » (461) Son opinion est assez surprenante dans le sens où la période qu’il évoque couvre l’ensemble de l’évolution de sa classification en quatre styles, dont il ne cite aucune source antérieure autre que des « chefs d’œuvre » grecs ou hellénistiques, dont on pense qu’il s’agissait de peintures sur panneau. Autrement dit, il néglige complètement le fait que, bien que des artistes pompéiens ait pu s’inspirer d’autres peintures, pour les récits mythologiques en particulier, ils pourraient très bien avoir également ouvert de nouvelles voies dans les approches environnementales de la peinture située dans les intérieurs privés.

 

 

  

A la rencontre des peintures murales
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