La domus : sécurité, prospérité et statut

Par opposition à leur orientation vers l’intérieur, synonyme de sécurité, les maisons servaient également de signes extérieurs de la position sociale des propriétaires, de même que de celle de leurs ancêtres. Dans la société romaine, la lignée jouait un rôle majeur dans l’attribution d’un statut et d’un potentiel de progrès dans l’échelle sociale. Étant donné que le patronage occupait une place centrale dans la société romaine, le patronus utilisait sa maison pour recevoir ses clients quotidiennement et rehausser sa position sociale et politique dans la société. Il était un élément central de la vie dans la domus, un terme utilisé pour faire référence à l’ensemble des membres de la famille liés par le sang et aux domestiques qui habitaient dans les maisons des citoyens plus fortunés. Les clients devaient habituellement se limiter aux zones publiques comme les fauces et l’atrium, alors que les hôtes spéciaux étaient invités à entrer dans les zones privées, et les membres de la famille flânaient en fonction de leur rang et de leur statut. Les peintures murales formaient une toile de fond visuelle pour illustrer ce mélange complexe d’affaires et de vie domestique qui reflétait les inquiétudes, les sentiments et les émotions planant dans la domus.

Les petites maisons présentes en grand nombre à Pompéi indiquent que la majorité des propriétaires devaient être des clients de la domus-patronus, perçue comme un modèle élite-client. Récemment, une grande partie des œuvres littéraires portant sur les peintures murales s’est toutefois centrée sur l’élite, déformant ainsi l’objet de la peinture et son iconographie pour mettre uniquement l’accent sur leur valeur en tant qu’indicateur de statut. Deux exemples de cette approche sont : Zanker, P., Pompeii : public and private life, 1998 et Leach, E.W., The Social Life of Painting in Ancient Rome and on the Bay of Naples, 2004 (voir également la revue en ligne Bryn Mawr Classical Review sur cette publication par Elsner, J., 2004, 12.33 -
http://ccat.sas.upenn.edu/bmcr/2004/2004-12-33.html )

Composition et contexte

La peinture murale située dans l’environnement domestique inclut, par définition, une relation dynamique entre l’œuvre et son milieu, et va donc bien au-delà du statut de simple peinture. Parallèlement, elle a influencé et a été influencée par de nombreux autres facteurs qui ont créé son contexte physique et social. En conséquence, une conception de la peinture murale comme « située dans l’environnement domestique » est correcte si l’on s’en tient aux faits, mais peut également être trompeuse car le mot « domestique » établit à présent une nette démarcation entre le lieu de travail et le domicile. Contrairement à la plupart des maisons contemporaines, la domus romaine, comme l’ont souligné plusieurs écrivains, était un mélange d’espaces publics et privés. Cet environnement facilitait un large éventail d’interactions familiales, sociales et commerciales, et les peintures murales ont été réalisées dans cette matrice physique et sociale. L’utilisation sans distinction du mot « domestique » dans le cadre de la maison romaine et de ses peintures murales a sans aucun doute déformé notre interprétation des peintures, en particulier si l’on considère qu’à la moitié du dix-neuvième siècle, les salons de la haute société européenne s’étaient déjà appropriés des peintures de style pompéien exposées uniquement dans un but décoratif (pour plus d’informations sur le thème de l’environnement domestique et de la maison romaine, voir Laurence, R., Wallace-Hadrill, A., Domestic Space in the Roman World Pompeii and Beyond, JRA supplément 22, 1997 et Hales, S., The Roman House and Social Identity, 2003).

 

A la rencontre des peintures murales
Casa di Fabio Rufio
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