Type III « […] l’extrémité opposée de la cour déserte est visible pour l’observateur »
D’après A.G.M. Little, les décors tragiques de type III sont définis par « […] l’extrémité opposée de la cour déserte visible pour l’observateur ». L’auteur étaye son propos en se référant à une peinture dans le triclinium d’été de la villa di P. Fannius Synistor. Malheureusement, il n’explique pas pour quelle raison cette cour déserte devrait être associée à des décors tragiques de théâtre. La présence de masques au-dessus des parapets gauche et droit ne permet pas nécessairement de caractériser cette composition en tant que décor de théâtre, car les personae génériques étaient souvent dépeints sous forme de masques, omniprésents à travers les différences phases de l’évolution des peintures murales romano-campaniennes (fig.1). Une fois encore, cette façade joue le rôle d’entrée vers un espace vraisemblablement sacro-saint. Le portail clos doté d’une partie supérieure en dents de scie et les rideaux noirs juste visibles au-dessus des parapets renforcent ce thème. La tholos, flottant apparemment au-dessus du fronton central, insuffle un sentiment d’irréalité à la composition, à l’instar de l’urne située au centre, encadrée par une guirlande commémorative. Des représentations similaires de tholoi en lévitation peuvent être observées sur les murs latéraux du triclinium de la villa di Poppae.
Le type III de la classification de Little est encore mieux illustré par une peinture découverte après la publication de l’article Scaenographia. Cette œuvre incarne peut-être l’exemple le plus éloquent d’ « […] extrémité opposée de la cour déserte visible pour l’observateur ». La divinité adorée dans cet espace est Apollon, symbolisé par le trépied de l’oracle avec, posés à son pied, la torche du dieu, ainsi que des bucrania (bucranes). Les clipeate imagines (portraits d’ancêtres en forme de bouclier), situés soit en hauteur, soit de part et d’autre du propylaeum (propylée ou vestibule d’entrée), le masque démoniaque et la plume de paon, confirment ensemble ce sentiment de regarder à l’intérieur d’un sanctuaire uniquement accessible à un petit nombre d’initiés.
La représentation d’un sanctuaire à l’intérieur d’une pièce se répète par quatre fois dans la « salle des Masques » de la casa di Augusto, située sur le mont Palatin à Rome. Sur les quatre murs sont dépeints des façades architecturales semblables à celles associées aux décors temporaires des théâtres romains (fig.2). Au sein de chaque façade de la « salle des Masques » se retrouvent un naiskoi ou un aedicula (édicule) menant vers un sanctuaire où peuvent être aperçus des objets associés à la commémoration ou au culte. Ces deux niches sont des structures architecturales destinées à mettre en évidence le caractère sacré de l’objet aperçu ou placé à l’intérieur. Elles apparaissent sur de nombreux vases grecs et sont une caractéristique répandue dans les peintures murales romano-campaniennes (fig.3-4). Les masques démoniaques de part et d’autre des ouvertures centrales de la « salle des Masques » pourraient bien avoir rempli une fonction apotropaïque, au lieu de jouer un rôle associé aux personae du théâtre.
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