Grâce aux extraits du texte en latin et aux traductions de Gwilt et Morgan, nous pouvons déterminer que les expressions scaenae frons et frons scaenae étaient utilisées sans distinction pour désigner l’arrière de la scène, donc le « front de scène » ou les « alentours de la scène ». En d’autres termes, au sein de l’ouvrage De l’architecture, scaenae frons et frons scaenae désignent tous deux un emplacement et ne qualifient pas la façade à colonnes généralement appelée scaenae frons de nos jours. Ils ont pour fonction d’indiquer un lieu, à l’instar de proximum scaenae (les alentours de la scène) dans le même passage. En dépit de sa fonction originale d’indicateur de lieu, scaenae frons s’est frayé un chemin dans la traduction anglaise réalisée en 1999 du Livre V (7.1): « Of these triangles, take the one whose sides will be closest to the performing platform. There, in that area that cuts the curve of the circle, layout the scaenae frons, and draw a parallel line from the place through the centre of the circle, […] » (Rowland et Howe, 1999, p. 69).
Ni Vitruve ni aucun autre auteur latin de l’Antiquité n’ont employé les termes scaenae frons ou scaenarum frontes pour nommer la façade présente à l’arrière du théâtre et de nombreux autres textes peuvent en attester. L’exemple le plus éloquent se trouve dans le Livre VII (5.5) où Vitruve a eu recours aux termes scaenam, espiscaenium et scaenae pour décrire la structure architecturale ornée à l’arrière de la scène, conçue par Apaturius d’Alabanda pour un petit théâtre située à Tralles :
"...etenim etiam Trallibus cum Apaturius Alabandeus eleganti manu finxisset scaenam in minusculo theatro, quod ἐκκλησιαστηριον apud eos vocitatur, in eaque fecisset columnas signa Centauros sustinentes epistylia, tholorum rotunda tecta, fastigiorum prominentes versuras, coronasque capitibus leonis ornatas quae omnino stillicidiorum e tectis habent rationem, praeterea supra eam nihilominus episcaenium, in quo tholi pronai semifastigia omnisque tecti varius picturis fuerat ornatus, itaque cum aspectus eius scaenae propter asperitatem eblandiretur omnium visus et iam id opus probare fuissent parati,..."
Morgan a traduit l’extrait comme suit: « For instance, at Tralles, Apaturius of Alabanda designed with skilful hand the scaena of the little theatre which is there called the ἑκκλησιαστἡριον, representing columns in it and statues, Centaurs supporting the architraves, rotundas with round roofs on them, pediments with overhanging returns, and cornices ornamented with lions’ heads, which are meant for nothing but the rainwater from the roofs,—and then on top of it all he made an episcaenium in which were painted rotundas, porticoes, half-pediments, and all the different kinds of decoration employed in a roof. The effect of high relief in this scaena was very attractive to all who beheld it, and they were ready to give their approval to the work, when Licymnius the mathematician came forward and said that […] ». Morgan). (ἑκκλησιαστἡριον: Ekklesiasterion or meeting place).

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