Les publications académiques centrées sur l’art romain et l’architecture en général, comme certains écrits d’August Mau, Geschichte Der Decorativen Wandmalerei In Pompeji (1882) et Pompeji in Leben und Kunst (1900) traduit en anglais sous le nom de Pompeii its Life and Art (1901), ne contiennent aucune référence au scaenae frons. L’auteur avait une très bonne connaissance de l’ouvrage De l’architecture de Vitruve et l’a souvent cité pour étayer ses propos. Or, lorsqu’il a abordé le sujet du théâtre, il a eu recours à d’autres expressions, telles que: « When plays were presented, the front of the palace at the back of the stage was concealed by painted scenery » ou « On such occasions we may suppose that the front of the palace at the rear of the stage served as a background without other decoration » (Pompeii, 1901, traduction anglaise, p. 147–148). En revanche, à la même période, dans des articles académiques axés sur le théâtre grec et romain, commence à apparaître l’expression scaenae frons, employée pour désigner la façade à l’arrière de la scène.
L’emploi de cette expression a peut-être débuté avec la publication de Das Griechische Theater (1896) de Wilhelm Dörpfeld et Emil Reisch qui introduisent d’abord les mots scaenae frons entre parenthèses tout comme Smith l’avait fait, pour la première fois, six ans plus tôt dans son A Dictionary of Greek and Roman Antiquities. "Ganz entsprechend liegt auch im Dionysos-Theater nicht nur die vordere Wand der Skene, die «scaenae frons», sondern auch das zu ergänzende Proskenion in solcher Entfernung von dem Centrum des Orchestrakreises, dass der vorhandene Halbkreis bequem zu einem ganzen Kreise ergänzt werden kann." (Dörpfeld and Reisch 1896 : 55). « Par conséquent, dans le théatre de Dionysos, non seulement le mur de façade de la scène, le “scaenae frons” mais aussi le proskenion qui le complète se situent tous les deux à une telle distance du centre du cercle de l’orchestre que le demi-cercle existant peut facilement être complété pour former un cercle plein.”
La présence du terme scaenae frons dans le texte de Dörpfeld et Reisch est déconcertante parce que ce terme est d’abord utilisé en relation avec le théâtre grec de Dionysos à Athènes. En revanche, Vitruve ne se sert de cette expression que dans un passage qui concerne exclusivement le théâtre romain (5.6.1) Ensuite, Dörpfeld et Reisch utilisent à la fois scaenae frons et scaenae tout au long de leur publication pour nommer la façade à colonnades à l’arrière des deux types de théâtre, le grec et le romain, même s’ il n’existe aucune preuve matérielle de structure à plusieurs étages dans le théâtre grec. Le fait de transformer une expression qui sert uniquement à situer un endroit en un nom commun a influencé d’une manière significative les publications ultérieures. Ce qui est encore plus surprenant c’est que ceci s’est produit malgré leurs propres réserves quant à l’usage de cette expression. Dans "Die Namen der einzelnen Teile der Theater."(Les noms pour les différentes parties du théâtre) page167, ils notent « Endlich war auch der Name scaenae frons insofern nicht ganz genau, als die vor der Skene stehenden Säulen richtiger als Proskenion bezeichnet werden ». « Finalement le terme scaenae frons n’était pas vraiment juste, ainsi, ce serait plus correct de nommer les colonnes en face de la scène, le Proskenion ».
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