La pièce 16 est quelque peu déconcertante, car malgré la présence de deux « portes closes », ces deux éléments sont disposés à l’extrémité d’une alcôve et ne peuvent donc être associés à aucune configuration théâtrale connue. Une fois de plus, ces portes mènent de toute évidence à des sanctuaires et non à des palais royaux.

Si les peintures murales de l’atrium de la villa di Poppae avaient été découvertes au moment où Little écrivait son article Scaenographia, l’auteur aurait bien pu les citer comme preuves supplémentaires pour appuyer sa théorie sur les décors tragiques (fig.1). Les peintures des murs latéraux comportent des motifs de portes closes inscrites dans des façades architecturales richement ornées. Mais une fois de plus, le symbolisme environnant indique que ces portes sont liées à la présence de dieux ou à la commémoration des ancêtres, plutôt qu’au commun des mortels ou à la royauté, par exemple. Dans ce cas, les portes closes fonctionnent au sein d’un domaine symbolique conçu pour dissiper les sentiments tragiques. Le symbole clairement chargé de cette fonction est incarné par la victoire ailée située au-dessus de la porte close dans le triclinium de la villa de P. Fabius Synistor, emportant la couronne de la victoire vers le ciel. Cette image est également rencontrée dans la tholos représentée sur une peinture de la Casa del Labirinto, où la victoire ailée est remplacée par une image d’aigle tout aussi poignante (fig.3). Franz Cumont, dans sa publication intitulée After-Life in Roman Paganism, déclare que « […] un aigle, prêt à s’envoler avec la couronne de la victoire, est un motif de décoration funéraire très commun […] ». « Cet aigle, symbole de l’âme, a été introduit en Italie avec la cérémonie de l’apothéose » et « ce type d’envol n’était pas réservé aux monarques » (Cumont, 1922, p. 159). La connotation de la porte close funéraire, semblable à celle des fausses-portes, notamment égyptiennes et étrusques, est encore accentuée par les vignettes placées au-dessus des portes closes dans les Villas Synistor and Poppea. La vignette de la première villa représente la chasse au sanglier sauvage calédonien, un motif reproduit sur les sarcophages antiques, et la vignette de la seconde villa, comporte une allée de tombes, assez similaire à la rue des Tombeaux menant à Pompéi.

Ainsi, A.G.M Little a eu raison de mettre en évidence un lien entre les peintures murales de portes closes et la tragédie. Mais cette tragédie n’est pas associée aux représentations théâtrales dont le public est témoin quand il assiste à des scènes où les plus puissants et leur entourage sont victimes d’évènements tragiques. Les connotations tragiques intrinsèques à ces peintures de portes closes sont bien plus intimement liées à l’environnement domestique, tout comme les peintures murales.

La Maison en tant que théâtre
Atrium Villa di Poppea 1
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1. Atrium - Villa di Poppae, Oplontis
2. Victoire ailée et couronne au-dessus d’une porte close, triclinium Villa P. Fannius Synistor, Boscoreale (maintenant au Museo Archeologico Nazionale, Naples)  
3. Aigle et couronne à l’intérieur d’une tholos (imagines clipeatae) placés entre les colonnes de la tholos - oecus Corinthius, Casa del Labirinto, Pompéi