En dépit de la présence de symboles eschatologiques dans les peintures murales de l’atrium dans la villa di Poppea, telles que la frise située au-dessus de la porte et le flambeau au pied de cette même porte, Steven Cerutti et L. Richardson Jr. ont considéré ces peintures murales comme un exemple « irréfutable » du type de décors tragiques décrit par Vitruve. « […] La tragédie implique la présence obligatoire de colonnes, de frontons, de statues et d’autres caractéristiques royales. Cette description correspond certainement aux éléments observés ici et considérés comme des « attributs » de la royauté (Cerutti et Richardson, 1989, p. 177). À travers un regard moderne, ces « attributs » peuvent sembler spécifiques à la royauté, mais ces éléments étaient communs à la classe aisée de cette époque, et de toute évidence, la villa où ces vignettes ont été retrouvées, comportait des objets et des caractéristiques architecturales observés dans les peintures murales, bien que sur un plan plus pragmatique. Dans ce contexte, les peintures murales peuvent être envisagées comme une extension fantaisiste des rêves et des aspirations du propriétaire, probablement réalisés par sa propre fille devenue l’épouse de l’empereur Néron, ou du moins selon certains dires.

Une fois de plus, nous devons nous poser une question fondamentale, à savoir, pour quelle raison un individu privilégié désirerait-il reproduire un décor tragique dans une pièce généralement utilisée pour impressionner les clients ou accueillir les visiteurs ? Bien entendu, des thèmes associés à des ancêtres remarquables ou à une vie sous l’égide de puissantes divinités auraient trouvé un écho plus bien favorable dans l’esprit des individus amenés à franchir le seuil de la maison. Une autre lecture des peintures en tant que propylaeum menant à un sanctuaire est explorée dans le chapitre intitulé Fausses-portes. Cette thèse des portes envisagées comme symboles d’une entrée ou d’une sortie vers un espace divin, est renforcée par une peinture murale présente dans la casa di Fabio Rufo à Pompéi (fig.1). Cette œuvre comporte une illustration rare d’une figure émergente supposée être celle de Vénus (Aphrodite). Elle présente également un mélange déroutant de portes centrales et latérales susceptibles d’indiquer un chevauchement avec les décors de théâtre sur le plan de la composition, mais leur localisation dans une pièce située au fond de la maison tend à réfuter toute connexion directe avec le théâtre. La fonction potentielle de cette pièce en tant que sacrarium est étudiée dans le chapitre Le Culte de la Maison (Worshiping the House).

En conclusion, le motif de la « porte close » n’était ni spécifique aux théâtres antiques ni aux peintures romano-campaniennes. Des exemples peints de ce motif peuvent également être rencontrés dans les tombes étrusques au nord de l’Italie. Ainsi, l’utilisation de ce motif comme indicateur lié aux décors de théâtre reste pour le moins problématique (fig.2). À l’inverse, si la peinture murale envisagée comme représentation d’une cour à péristyle dans la villa di Poppea avait été mise au jour lorsque Little rédigeait son essai Scaenographia, il aurait bien pu y percevoir un rare exemple de trois portes typiques d’un « scaenae frontes », vraisemblablement très similaires aux portes des décors théâtraux.

La Maison en tant que théâtre
Venus Genetrix 1
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1. Casa di Fabio Rufo, Pompeii