Au-delà du mur – un changement de paradigme


L’utilisation du mur réel et de son simulacre comme un puissant agent psychologique n’était pas un privilège du premier style avec ses représentations de murs en marbre et ses motifs d’éternité. Cette forme de dualité était également présente, sous une forme ou une autre, dans la peinture murale romaine

Les nombreuses représentations de murs dans la peinture murale romaine les situent dans le phénomène d’indivisibilité psychologique qui survient lorsque les objets sont remplacés, au même endroit, par leur équivalent visuel. Contrairement aux rideaux dépeints de Parrhasios qui sont parvenus à leurrer l’artiste Zeuxis, le peinture en question demandant à ce qu’on les ouvre, la peinture murale romaine était bien plus qu’une simple supercherie en trompe-l’œil. Elle ne remplaçait pas l’objet par son simulacre afin d’atteindre un sentiment d’aboutissement, mais  montrait au spectateur que des espaces métaphysiques pouvaient se trouver au-delà du rideau dépeint ou du mur, et, partant, de son homologue physique (fig.1).

Si la chronologie actuelle est correcte, un changement majeur de paradigme est survenu dans la peinture murale romaine au début du ier siècle av. J.-C. La splendeur du faux marbre qui, pendant plusieurs centaines d’années, avait satisfait les habitants a commencé à intégrer des caractéristiques spatiales suggérant l’existence d’un monde au-delà des murs intérieurs de la maison ou de la villa (fig.2).

La raison de cette transformation relève toujours de conjectures, tout comme l’endroit où ce phénomène s’est manifesté pour la première fois. S’il est apparu en Campanie, il est dès lors très probable que le changement de paradigme soit né en réaction aux guerres civiles qui l’ont préfiguré ou accompagné. Cette région était au cœur du conflit responsable de l’annexion par Rome de villes telles que Pompéi. Le traumatisme précédant cet événement pourrait avoir déclenché le désir de s’échapper dans des sortes de mondes transcendantaux que les peintures murales s’attachaient toujours à représenter davantage. Si le changement s’est produit à la suite de l’annexion, il est alors plus probable qu’il ait été le résultat de plus vastes influences socioculturelles venues de Rome.

Tandis que les réponses aux questions sur le moment et le lieu du changement de paradigme requièrent de plus amples recherches, sa manifestation visuelle peut être suivie dans les peintures murales. Des preuves matérielles attestent d’un désir grandissant de faire paraître les murs en faux marbre encore plus grandioses au moyen de caractéristiques architecturales telles que des architraves, des pilastres et des colonnes. Des motifs de marbre de plus en plus ornementés sont apparus dans les sections rectangulaires créées par les représentations architecturales. D’un point de vue psychologique, le mur est devenu un simulacre de lui-même encore plus raffiné tout en restant une enceinte plane. Un célèbre exemple a été trouvé sur le mont Palatin à Rome sous les fondations de la Domus Flavia. La Casa dei Grifi renferme de nombreux motifs aplanis caractéristiques du premier style qui, de plus, sont encadrés à l’aide de pilastres et d’architraves (fig.3).

La Peinture murale et la Maison en tant que Sanctuaire
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1. Peinture murale illustrant un rideau baissé, qui révèle un trépied apollonien d’où émergent des Victoires ailées, Casa del Criptoportico, Pompéi

2. Peinture murale, Casa del Labirinto, Pompéi

3. Peinture murale, Casa dei Grifi, mont Palatin, Rome