probablement déjà habitués à la vision des peintures murales, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison ou de la villa. Vivre à Pompéi était, après tout, comme vivre dans un grand livre illustré et la peinture murale était une caractéristique omniprésente. La critique de Katherine Dunbabin sur le livre Houses and Society in Pompei and Herculaneum d’Andrew Wallace-Hadrill (1994) réprouve son usage du terme « luxe » dans le chapitre sur « Luxe et Statut » et suggère que ce terme est « trompeur ». Elle soutient ce point de vue en citant l’observation de l’auteur selon laquelle, à l’époque du quatrième style, « […] la décoration murale n’était plus réservée à l’élite […] » et que, par conséquent, elle ne pouvait être considérée comme un produit de luxe (Dunbabin, K. M., « Houses and Households in Pompeii », JRA V.8, 1995, p. 387‒390, p. 389). Ainsi, on peut dire que la valeur et le sens attribués à la peinture murale étaient déterminés par son contenu plutôt que par sa valeur en tant que signe de statut, et le contenu était le premier facteur à déterminer son emplacement. À Pompéi et à Herculanum, la fortune et le rapport avec la taille de la maison ne créaient pas de ségrégation. Des petites et des grandes maisons se côtoyaient et parfois, de petites maisons contenaient des peintures murales qui affichaient la même valeur esthétique que les grandes demeures. Certaines, comme la Casa di Cerialis Pinarius, renfermaient même des peintures équivalentes, sinon supérieures, à celles trouvées dans des bâtiments considérablement plus imposants (fig. 1).

Étant donné que le Satyricon a joué, sans le vouloir, un rôle majeur dans la prétendue contribution des peintures murales des intérieurs privés au style de vie hédoniste italo-romain, il semble approprié de conclure avec deux extraits de ce livre qui contrent cette opinion. Le premier affirme que « l’or » éclipse la peinture murale en tant que seul véritable indicateur de la beauté et l’autre suggère que l’on devrait être tout aussi concerné par la « maison » où l’on va passer l’éternité (fig. 2).

« Ne vous étonnez plus que la peinture décline, quand aux hommes et aux dieux un lingot d'or semble plus beau que tout ce qu'Apelle et que Phidias, ces pauvres fous de Grecs, ont bien pu faire. Mais je vous vois tout absorbé par ce tableau où est peinte la chute de Troie ; souffrez donc que j'essaye d'en exprimer le sens dans la langue des dieux »

(Satyricon, Chapitre 88, dernière phrase)

« Tous les genres d'arbres à fruits je les veux autour de mes cendres, et surtout, de la vigne à profusion. Car c'est vraiment une erreur d'avoir de son vivant des maisons confortables, et de négliger celle où il nous faut demeurer le plus longtemps. Et, par-dessus tout, je veux que l'on y grave :

– CE MONUMENT N'IRA PAS À MON HERITIER – »

(Satyricon, Chapitre 71)

Les deux citations sont tirées de la traduction nouvelle et complète de Louis de Langle [Lien]

 

 

La peinture murale et la maison en tant que palais
Casa di Cerialis Pinarius 1
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1. Casa di Cerialis Pinarius, Pompéi.

2. Le mausolée des Julii, 40 av. J.-C., situé près du site romain antique de Glanum (27 av. J.-C. – 260 ap. J.-C.), près de Saint-Rémy-de-Provence, France.