Étude de cas : Pompeii – Public and Private Life
Un des principaux partisans de la théorie selon laquelle la peinture murale romaine est révélatrice du désir hédoniste est Paul Zanker. L’étude de cas suivante examine la façon dont il utilise ce postulat pour étayer ses propos dans son ouvrage Pompeii – Public and Private Life. Pour ne pas mettre à l’épreuve la patience des lecteurs en effectuant une analyse page par page, des thèmes clés ont été répertoriés afin de résumer et d’examiner la théorie qui sous-tend le livre. Avec tout le respect que je dois à l’auteur et en étant au fait de la possibilité d’erreurs dans la traduction de l’allemand vers l’anglais, je me dois de souligner tout d’abord que cette étude de cas repose sur l’édition anglaise de 2000, publiée pour la première fois en 1998 par Harvard University Press. La traduction anglaise a été réalisée à partir de l’édition allemande de 1995 de Pompeji: Stadtbild und Wohngeschmack, celle-ci, à son tour, provenant de trois essais écrits entre 1979 et 1993.
La peinture murale en particulier sert en grande partie de preuve indirecte pour renforcer la thèse de l’auteur affirmant que la société pompéienne aspirait à s’entourer de produits de luxe, plus habituellement associés à des styles de vie aristocratiques. Cette théorie a été avancée initialement par rapport aux « anciennes » familles établies et à leurs demeures, mais les implications de cette idée sont plus particulièrement exposées dans le chapitre sur les « arts domestiques ». Cette section vise à démontrer comment le pompéien « nouveau riche » de classe moyenne a succombé à la tentation de l’hédonisme hellénistique. Il nous est rappelé à maintes reprises que cet exercice est voué à l’échec parce que cette catégorie de citoyens ne dispose ni de l’éducation ni de la fortune substantielle nécessaire pour parvenir à ce but. En conséquence, ces nouveaux riches pompéiens n’obtiennent que des imitations bon marché qui réussissent uniquement à impressionner leurs voisins tout aussi ignorants d’un point de vue culturel. On nous fait croire que la stratégie utilisée pour parvenir à leurs fins et progresser sur l’échelle sociale consistait à transformer leurs maisons en « imitations » de demeures royales ou aristocratiques, en grande partie grâce au mimétisme associé à la peinture. L’interprétation des peintures murales au sein de l’environnement domestique est donc essentielle à la validité de cette théorie.
La première partie du livre propose une nouvelle façon d’étudier la vie publique et privée des habitants de Pompéi et voudrait nous permettre de comprendre davantage leurs « goûts ». Pour ce faire, la méthodologie adoptée repose sur une analyse des différents types de milieux urbains et domestiques, avec leur décoration respective, ainsi que sur de la documentation issue de sources littéraires antiques. Après avoir appliqué cette méthodologie à l’histoire en général, le livre se centre ensuite entièrement sur les « arts domestiques ». En le nommant « art domestique », plutôt que l’art dans un environnement domestique, l’auteur crée une sous-catégorie d’art, qui n’est plus définie par les cadres conceptuels habituellement associés à l’art. Un tel recadrage des peintures les rend vulnérables aux interprétations purement sociologiques, une démarche servant précisément l’objectif de l’auteur, puisque ces œuvres sont utilisées pour définir non seulement les goûts esthétiques du propriétaire, mais également leurs valeurs d’un point de vue moral et éthique.
Goût
Tout au long du livre, et dans le chapitre sur « l’art domestique » en particulier, des concepts problématiques, tels que le « goût » et la « décoration », sont employés dans le but de légitimer le recours à l’art visuel pour déterminer les valeurs sociales et culturelles.
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