Par conséquent, il semblerait que le propriétaire était à la recherche d’une vision philosophique, autant qu’ à la poursuite du « luxe ». En tant que partisan d’Épicure et de ses disciples, il aurait été exposé au concept selon lequel  la maîtrise de soi et le refus, plutôt que l’hédonisme sans retenue, étaient la solution au problème fondamental pour atteindre un bonheur « profond ». Survient alors la question : quelle collection est révélatrice du style de vie du propriétaire, les parchemins ou les sculptures ? Ou encore : compte tenu des parchemins et de la position philosophique très explicite qu’ils préconisent, devons-nous reconsidérer les raisons ayant poussé le propriétaire à assembler une collection de sculptures ?

Paradeisoi

Comme discuté dans Pompei – Public and Private Life, les peintures murales ne se voient jamais attribuer des origines aussi ambiguës. Par exemple, les paradeisoi (des peintures murales représentant des jardins enchantés) ne peuvent correspondre à la signification que leur nom implique, mais sont plutôt mentionnés comme un autre exemple de tentative d’imitation du mode de vie opulent des chefs hellénistiques par les classes moyennes pompéiennes. L’auteur sélectionne des exemples qui, selon lui, ont été réalisés après le tremblement de terre de l’an 62 apr. J.-C. La date est importante, car elle lui permet de les mettre en relation avec les hommes censés avoir tiré parti de cette catastrophe naturelle. Toutefois, elle reste discutable, comme la plupart des dates associées aux œuvres de Pompéi (p.198). Leur nouvelle richesse, nous fait-on croire, leur a permis de se lancer dans un programme de restauration visant à créer, à travers l’imitation de peintures murales, le mode de vie inaccessible lié aux paradeisoi. Est-il inconcevable qu’une société tout juste sortie d’un tremblement de terre dévastateur souhaite s’entourer d’images cathartiques plutôt que d’illustrations motivées par la cupidité ? De même, l’origine et la signification des peintures murales de paradeisoi ne sont en aucun cas aussi tranchées que ce que le livre voudrait nous le faire croire.

Par exemple, dans son livre Gods and Heroes in Pompeii, Ernesto de Carolis, bien qu’il reconnaisse les influences hellénistiques, a également mis l’accent sur des origines perses encore plus lointaines. Cette observation prend tout son sens compte tenu de l’origine perse du mot « paradeisos » qui renvoie à un jardin clos. Il affirme également que ce type de peinture trouvait une résonance naturelle dans l’amour de la nature des Italo-romains (Carolis 1999, p. 25). Le désir et sa satisfaction exigent toujours un compromis complexe. Si les Pompéiens avaient voulu introduire la nature dans leur environnement domestique, de façon réelle et stylisée, alors ils auraient probablement commandé le genre d’art pictural mis à leur disposition à l’époque (fig. 1). Si ce genre à son tour était composé d’influences hellénistiques et perses lointaines, une teneur dont ils n’avaient pas conscience, alors ce style artistique ne pourrait pas être utilisé pour les qualifier d’habitants cupides.

La villa de Livia Drusilla à Prima Porta

Le moyen le plus simple et peut-être même le plus efficace pour contrer la thèse de Paul Zanker, sur l’utilisation des peintures murales dans les jardins comme moyen d’évoquer le mode de vie associé aux villas royales, consiste à présenter simplement au lecteur le paradeisos situé dans la villa de Livia à Prima Porta.

 

 

 

La peinture murale et la maison en tant que palais
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1. Peinture murale d’un paradeisos avec des vignettes égyptiennes dans la Maison du Verger, Pompéi.