L’architecture luxueuse constitue invariablement le contrepoint entre le poète moral et le riche immoral (Pearcy 1977, p. 776).

J’ai achevé un monument plus durable que le bronze,
Plus élevé que les pyramides, bâties par des mains royales ;
Les pluies corrosives, l’aquilon furieux,
La série sans nombre des années, la fuite du temps,
Rien ne saurait le détruire.
Je ne mourrai pas tout entier, la meilleure partie de moi-même
Échappera à la Parque, et tant que la vestale
Silencieuse montera auprès du pontife au Capitole,
Chaque jour rajeunira et augmentera ma gloire.

Horace, Odes, III, 30.1-10 (Jean Baptiste Monfalcon, Cormone et Blanc, 1834)

L’ivoire et des lambris dorés ne brillent point
Dans ma demeure, les poutres de l’Hymette n’y pèsent
Point sur des colonnes taillées aux extrémités de l’Afrique.
Hériter ignoré,
Je ne possède point le royal palais d’Attale,
Et de nobles clientes ne filent point pour
Moi la laine pourprée de Laconie.
La pauvreté, une veine fertile, voilà mon bien,
Et pauvre, je suis recherché par le riche.

Horace, Odes, II, 18.1-11 (Jean Baptiste Monfalcon, Cormone et Blanc, 1834)

 

Horace n’hésite pas à dire qu’il est lui aussi non seulement riche, mais également talentueux et qu’il n’a rien à envier à personne.
Pour moi, la Parque sincère m’a donné un bien modique,
Une légère étincelle du feu de la muse grecque,
Et une âme qui dédaigne
La malignité du vulgaire.

Horace, Odes, II, 16.37-40 (Jean Baptiste Monfalcon, Cormone et Blanc, 1834)

Dans le premier poème du livre III des Odes, Horace va encore plus loin en se décrivant comme un prêtre poète s’opposant fermement aux excès profanes des riches.

Éloigne-toi, profane vulgaire, je te hais ; silence !
Prêtre des Muses, je vais chanter à la jeunesse romaine
Des vers qu’elle n’a point encore entendus.
Les rois, pasteurs redoutables, commandent à ces
Troupeaux de peuples qui leur appartiennent ;
Jupiter commande aux rois eux-mêmes, Jupiter, illustre
Par son triomphe sur les Géants, et dont le sourcil ébranle l’univers.
(Lignes 1-8)