De la ligne 33 à la ligne 38 des Odes, Horace introduit l’image de l’entrepreneur opulent :

Les poissons sentent les mers resserrées
Par d’immenses levées ; des blocs de pierre sont jetés dans les
Eaux par les esclaves de l’entrepreneur ;
Un maître, à qui la terre ne suffit plus, a commandé ;
Mais la crainte, mais les menaces suivent partout les pas
De ce mortel orgueilleux ;

Horace, Odes (Jean Baptiste Monfalcon, Cormone et Blanc, 1834)

Le désespoir d’Horace à l’égard du monde qui l’entoure semble parfois si accablant que le temps lui-même peut être personnifié comme une force corruptrice.

Il n’est rien que n’altère le cours désastreux du temps :
Pires que leurs aïeux, nos pères ont laissé des
Enfants plus pervers qu’eux-mêmes, et qui donneront
Le jour à des fils encore plus dépravés.

Horace, Odes, III, 6.45-48 (Jean Baptiste Monfalcon, Cormone et Blanc, 1834)

Au vu du degré de désespoir personnel d’Horace, il y a lieu de se demander dans quelle mesure sa poésie, et celle d’autres auteurs comme lui, peut être utilisée pour appuyer des théories sociales portant sur l’évaluation de la domination du luxe dans les derniers moments de la société italo-romaine. Si elle se voit conférer une valeur historique au-delà de sa forme poétique, alors il est essentiel de définir et de comprendre clairement la présence de l’auteur dans ses écrits, une tâche loin d’être évidente. Par exemple, à quel point devrait-on tenir compte qu’Horace était le fils d’un esclave affranchi, ou du fait que la terre héritée de son père lui a été confisquée, car il a pris le parti de Brutus contre le triumvirat ? De même, dans quelle mesure les thèmes évoqués par Horace étaient-ils choisis pour s’attirer les faveurs et obtenir la protection d’Auguste et de ses partisans politiques ? Il a acquis sa ferme sabine de cette manière. Peut-on vraiment choisir quelles sont parmi ses critiques, celles qui ont une valeur historique et celles qui n’en ont pas ? Si l’on considère le propriétaire de biens hédonistes au-delà du topos, alors qu’en est-il des nombreuses remarques désobligeantes d’Horace au sujet des femmes de son âge. Doit-on également les considérer comme des récits littéraux de leur conduite dégénérée ? Par exemple, dans Odes, III, 6.21-32 :

La jeune vierge se plait de bonne heure à étudier
Les danses de l’Ionie ; déjà elle assouplit ses membres
Et médite dès l’enfance d’incestueuses amours.

Bientôt, à la table de son époux,
Elle cherche des amants plus jeunes ;
Bientôt elle ne les choisit plus
Et se livre publiquement, au grand jour,
À de scandaleuses voluptés.
C’est aux yeux de son époux,
C’est par son ordre qu’elle se lève et suit un vil entremetteur
Ou le maître d’un navire ibérien,
Qui doit à grand prix payer tant d’infamie.

Horace, Odes, 6.21-32 (Jean Baptiste Monfalcon, Cormone et Blanc, 1834)

 

La peinture murale et la maison en tant que palais
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Scène érotique, Pompéi, Musée archéologique de Naples.