Bien entendu, la créativité prolifique peut être attribuée à n’importe quelle motivation primaire, bénigne ou non, telle que la volonté de posséder ; le complexe d’insécurité ; le machisme masculin lié au désir sexuel ; une tentative de parer l’inévitable en créant une descendance de substitution. En réalité, les raisons pouvant expliquer ce besoin de prolificité sont innombrables. Pour Picasso, mais aussi De Chirico, nous estimons que la clé du mystère réside dans la taxonomie de leurs peintures et dans l’analyse des thèmes qu’ils utilisaient sans cesse. D’un point de vue conceptuel, il serait futile de comparer sur une échelle chronologique l’œuvre des deux artistes : les véritables révélations apparaîtront au cours d’un examen minutieux de leurs catégories thématiques et des modèles de représentation iconique qui leur sont propres. Une étude sommaire de leurs taxonomies respectives suffit à révéler que les deux artistes ont gravité en sens contraire autour des extrêmes du féminin et du masculin. Les principaux thèmes de prédilection de l’œuvre de De Chirico ont été déterminés alors que l’artiste était âgé de vingt ans : le rapport entre la perspective métaphysique et la poétique de la discontinuité spatio-temporelle ; les métalangues visuelles centrées sur le voyage et l’aventurier ; Ariane au sujet du sommeil et de la renaissance spirituelle. Ces thèmes trouvent leur expression visuelle à travers des formes récurrentes : des Places, des Espaces intérieurs, des Mannequins, des Archéologies, des Natures Mortes (ou des « Vies Silencieuses » comme il les avait surnommées) ; des Gladiateurs dans une demeure ; des Baigneuses ; des Portraits et des Autoportraits (Fig. 1-6).
1. Giorgio de Chirico Piazza d'Italia, lithograph 1969
2. Giorgio de Chirico Metaphysical Interior with Biscuits 1916
3. Giorgio de Chirico The Seer 1915
4. Giorgio de Chirico The Archaelogist 1926
5. Giorgio de Chirico Gladiators 1928-29.
6. Giorgio de Chirico Self-portrait 1924